Article extrait du journal La Liberté du 12 juillet 2000
L’association [a n y m a] invente une télévision faite par des jeunes qui s’amusent à réinventer le média. A voir chaque soir sur le réseau local… [Jean Godel]
Médias
Cette année, le festival du Belluard a sa propre télévision, ça tourne ! Une chaîne faite par une quinzaine de jeunes Fribourgeois (pour la plupart entre 15 et 20 ans) et diffusée chaque soir entre 18h30 et 19h30 sur le réseau local. Avec ça tourne !, les jeunes font leur télé de A à Z, y compris la ligne visuelle et l’identité propre de leur média éphémère. Ainsi le logo, une machine à laver avec, en surimpression, une spirale : « Nous sommes dans les thèmes de recyclage d’idées lancés par le BBI, explique le dossier de presse élaboré par les jeunes eux-mêmes. Comme la télé, la machine à laver fait du bruit. Quant à la spirale, c’est pour le côté ondes, une image qui colle à la TV, mais en plus psychédélique : ça sort du cadre. “Et ça tourne ! fait son petit bout de chemin, malgré l’ampleur de la tâche en regard du petit nombre de jeunes inscrits (vacances obligent…).
Ecrans et désordre
A la base de ce projet pilote, deux pédagogues avides de ce genre d’expériences créatrices, Maïté Colin et Michaël Egger. En 1999, ils ont créé « [a n y m a] – a network for young media artists ». Basée à Fribourg, cette association entend faire vivre une expression culturelle propre à la vidéo et aux nouveaux médias (dont Internet). « L’idée est de créer un réseau de créateurs-explorateurs qui utilisent les nouvelles technologies dans leur travail » explique Maïté Colin. Dans ses statuts [a n y m a] affirme vouloir favoriser la technologie au service des idées et du décloisonnement des démarches artistiques. D’où ce concept de labo-TV au coeur même du festival. Maïté Colin : « Les jeunes participants s’amusent beaucoup à s’approprier la télévision, à la malaxer, à la faire passer du stade d’objet de consommation à celui de média de création. » Dans les studios de ça tourne ! installé au Cycle d’orientation du Belluard, la quinzaine d’ados a reconstitué une véritable rédaction, avec son inévitable désordre et un matériel impressionnant : deux plateaux, des dizaines d’ordinateurs et d’écrans, des consoles de montage, des caméras, des projecteurs, le tout mis à disposition par [a n y m a ] ou prêté par différents sponsors.
Les jeunes sont là à bidouiller les ordinateurs et les tables de montages. D’autres sont sur le terrain, en tournage avec les artistes du festival. C’est un vrai laboratoire, s’enthousiasme Michael Egger. Nous ne sommes là que pour encadrer les jeunes : eux apportent les idées et nous, nous les aidons à les mener à terme. “Sur le mur, les encouragements d’Andy Warhol : “C’est formidable d’être une falsification !”
vieux “mac” vedettes
Quant aux artistes du Belluard, tous ont jusqu’à présent joué le jeu, avec un intérêt évident pour cette expérience. « Certains ont aussi voulu contrôler leur image, s’amuse une participante, mais nous, on fait ce qu’on veut. » Parmi les moments forts de ça tourne !: un atelier avec l’Américain Stuart Sherman ou une « music session » particulière avec les Londoniens de Project d.a.r.k. « Je suis extrêmement surpris par l’engagement de ces jeunes, lâche Klaus Hersche, codirecteur du BBI. Ils ont parfaitement su exploiter les opportunités que leur offre notre festival. Dans un coin du studio, une dizaine de vieux macintosh “les ancêtres, ceux avec la poignée intégrée” – servent à une prochaine séquence : alignés, ils s’éteignent et s’allument, grâce à une commande à distance. Le réalisateur : « On ne peut plus rien faire avec ces machines, mais elles ont un pouvoir émotionnel énorme pour ceux qui les ont connues. Nous, on essaie de les faire parler. » Il n’est pas dit que l’on ne retrouve pas certains protagonistes de ça tourne ! dans une prochaine édition du Belluard
JnG Canal Info de Cablecom, chaîne S10/170,1 MHZ, chaque soir entre 18h30 et 19h30 jusqu’au 15 juillet.