[lang_fr]Le média télévisuel[/lang_fr][lang_de]Das Medium Fernsehen[/lang_de]

[lang_de]Wer Fernsehen macht, muss sich bewusst sein, dass die Botschaft, die verbreitet wird, eine subjektive ist. Es ist immer eine Gratwanderung zwischen Realität und Fiktion, zwischen Traum und Wirklichkeit. Beim Fernsehen machen wird uns wieder in Erinnerung gerufen, wie anspruchsvoll guter Journalismus ist. Die Welt ist gross und komplex und was ich mit dem Fernsehbild einfange, ist immer nur ein Teil der Wirklichkeit, die mich umgibt. Je nach meinem ästhetischen, moralischen und politischen Empfinden wähle ich aus, was aufs Bild kommt und was nicht. Und beim Filmschnitt nachher stehen innerer Zusammenhang, Rhythmus und Spannungsbogen im Vordergrund und nicht die Chronologie der Ereignisse. Mit meiner subjektiv fragmentarischen Bildfolge kann und soll ich kreativ sein,. Es muss mir aber immer bewusst bleiben, dass ich damit meine eigene Befindlichkeit ausdrücke, oder anders gesagt: Es gibt keine rein objektive Botschaft. Ich manipuliere immer. [/lang_de][lang_fr]Faire de la télé, c’est se souvenir que la télévision est subjective par nature. Créer un reportage ou un petit documentaire n’est autre que marcher en funambule sur le fil ténu qui sépare réalité et fiction. Faire de la télévision rappelle que tout journalisme effectue un travail de lecture et d’écriture de l’information. Le monde est vaste et complexe, l’image que je cadre ne peut qu’être un fragment de la réalité qui m’entoure. Selon mes sensibilités esthétiques, émotionnelles ou politiques, je détermine un cadrage qui par ce choix élimine tout ce qui est hors champs. De même lorsque je fais du montage, je cherche une cohérence, une fluidité, un rythme, je regroupe ou je mets en opposition les choses, je romps le fil chronologique des événements. A partir de la réalité fragmentaire que j’ai filmée, je réalise encore un second travail d’écriture. Ma subjectivité peut être créatrice, il est même souhaitable qu’elle le soit mais il n’en demeure pas moins qu’elle est une traduction, expression de ma vision et de ma sensibilité. En d’autres termes, je malmène l’objectivité.

Mais est-ce un problème ? Ce sont souvent ces regards subjectifs qui nous permettent de nous mettre un peu à la place de l’Autre et de faire un pas vers lui. N’empêche qu’en tant qu’auteur, je porte une lourde responsabilité et un questionnement permanent sur l’éthique de mon travail doit guider chacun de mes choix. D’autre part notre responsabilité se situe aussi dans notre lecture de l’image. Nous avons tendance à accorder à tout ce qui n’est pas défini comme fiction valeur de vérité. Comme si toute image prise “dans le monde réel” ne pouvait qu’être vraie, oubliant du même coup que toute image est scénarisée. LA télévision nourrit ce mythe en omettant de rappeler que toute information est affaire d’écriture. Les expressions “comité de rédaction”, “conseil de rédaction” existent toujours mais c’est un peu comme si nous ne prenions pas réellement la mesure du mot “rédaction”. Nous avons tendance à croire qu’une image filmée dans le monde réel reflète la réalité du monde sans forcément prendre en compte le degré d’indépendance ou au contraire de diktats politico-financier auxquels sont soumis les journalistes et les médias. Les images sont toujours subjectives, mais quel est le degré d’indépendance et quelle est la déontologie professionnelle ou les préoccupations éthiques de celui qui les créent ?
Faire de la télé aide à se souvenir que la manipulation est aisée. De plus, La télévision a 80 ans, par conséquent une longue expérience derrière elle et une maîtrise parfaite du média et de ces enjeux. La télévision est le plus puissant des médias, nous avons tous encore en tête l’impact d’images diffusées en boucle. La réalité du choix de ces images-là cache forcément, de manière volontaire ou non, la réalité de tous les autres angles de vision. La télévision écrit l’histoire ou en tout cas contribue à son écriture, mais l’histoire qu’elle écrit masque celle qu’elle n’écrit pas.

A lire aussi, une excellente analyse de Michel Schweri parue le 18 mai 2007 dans Le Courrier: Pourquoi ne pas croire tout ce qu’écrivent les journaux
Un autre article plus orienté sur l’image et la télévision écrit par Théo Robichet et publié sur le site European Memory : Une mémoire peut en cacher une autre
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